LA PRESSE
La voix du nord du 15 juin 1999
A la Malterie, l’Ossuaire dégingandé d’Alain Terlutte
Les animaux automatiques
Discret lieu de création et de cohabitation artistiques, La
Malterie propose pendant trois soirées une "machination" d'Alain
Terlutte, mise en scène par l'association multidisciplinaire Cendres
La Rouge et en musique par différents créateurs d'univers
sonores. En dix tableaux, L'Ossuaire dégingandé présente
un travail de réanimation de personnages animaliers familiers -"des
machines" dit Terlutte - une réflexion sur la re-création
et le mouvement convoquant une combinaison d'ossements d'animaux et d'objets
de récupération. Les scènes, jouées par des
squelettes d'animaux reconstitués ou imaginés (canard, chat,
rat ou lapin ailé) défilent dans un univers fantastique,
grotesque, merveilleux, amusant ou horrible.
Alain Terlutte n'est pas un artiste proprement dit. Il se définit
d'ailleurs comme un "anartisan", un "dilettante" en hommage à Marcel
Duchamp, le surréaliste "anartiste" dont il s'inspire. Le créateur
de L'Ossuaire dégingandé s'explique: "L'animation m'intéresse
depuis longtemps. La récupération d'objets et les os aussi.
J'ai commencé par créer une tête de lapin articulée,
puis une marionnette de chat animé par un petit moteur pour un spectacle;
Les assemblages ont continué ainsi... " Ce jeu d'assemblage d'objets
et de mise en mouvement a un côté enfantin mais aussi scientifique.
Alain Terlutte s'est découvert une passion pour l'anatomie et les
mécanismes.
F.L.
La voix du nord du 8 octobre 2000
Squelettes automates au musée d'Histoire naturelle de Lille
L' "Ossuaire dégingandé" d'un professeur... Troublé
Sons et musiques étranges. Éclairage diffus et intimiste.
Os pointus, acérés, assemblés dans une harmonie précaire.
Les petits squelettes qui peuplent cette salle du musée d'Histoire
naturelle de Lille s'animent dans des ballets presque aériens, où
s'allient légèreté et maladresse. Mais d'où
vient cette idée farfelue de redonner vie à des squelettes
?
Il s'agirait de l'initiative d'une équipe de « troublologues
» qui ont travaillé sur la collection particulière
d'un certain professeur Troublé. Ce naturaliste du XIXe siècle
aurait parcouru la terre pour ramener des spécimens d'oiseaux ou
de mammifères, qu'il a ensuite réanimés par le biais
d'une mécanique à la fois simple et ingénieuse : les
mouvements sont guidés par de nombreux fils lestés de plomb,
reliés à de petites poulies de bois grinçantes et
hésitantes.
Fiction ou réalité ?
Ces prétendus « troublologues » ont cherché
à donner une rigueur scientifique à l'exposition et à
ancrer le professeur Troublé dans le réel. Des effets personnels
et même des photos de famille sont exposés. Cet univers que
« certains qualifient de morbide ou de poétique, selon les
sensibilités » est tout droit sorti de l'imagination d'une
équipe composée de Sandrine Châtelain pour la scénographie,
de. Maurice Delahaye, Bruno Ledez et Guillaume Senhadji pour la recherche
sonore et de « Pat le Chat » pour le graphisme.
Alain Terlutte, adepte de la récupération et du bricolage,
et constructeur de ces objets, s'explique :« Des têtes de lapin
et autres squelettes, j'en ai depuis quinze ans. J'ai croisé ensuite
quelques compagnies de marionnettes » ...Voilà pour la genèse
de l'idée. Quant à la réalisation: « je construis
d'abord un personnage, puis je me demande quel mouvement lui donner, et
ensuite, c'est empirique. Tout est animé par des moteurs de photocopieurs
ou de Polaroïds ».
Le canard "vantrataire"
Les graphismes et les planches d'indications pseudo-scientifiques qui
accompagnent les squelettes automates ajoutent à cette étrangeté
une pointe d'humour, tel ce canard vantrataire, alias canarcenciel, décrit
comme un spécimen... ventripotent. L'autoportrait du professeur,
dit « le Vieux », le présente comme un « homme
des tavernes, triste, dégarni, au pelage rare ».
Milo, jeune visiteur âgé de deux ans et demi, est fasciné
par les rascasses en mouvement. Pour Hakim, 8 ans, « c'est super
parce que c'est animé », et pour François, la quarantaine:
« C'est tout simplement un trésor d'ingéniosité
».
Stéphanie LEMAIRE
Cet exemplaire de la collection du professeur est censé
pouvoir voler en expulsant l'air situé dans une poche ventrale,
grâce au mouvement de ses pattes.
Photo Jean-Luc PITEUX
Sortir octobre 2000
La collection très particulière du professeur Amédée
Troublé retrouvée récemment est accueillie en ce moment
au Museum d'histoire naturelle. Ces singuliers automates animaliers doivent
tous quelques choses à Alain Terlutte, Cendres la Rouge, Guillaume
Senhadji, Pat le Chat, Bruno Ledez...
Cherchez l'erreur...
De prince déchu en Steve Barnet, on croyait en avoir fini cet
automne avec les états d'âme de ces géniaux inconnus
qui ont sévi dans notre région. Eh bien non. Dernier né
de cette quête identitaire qui revisite l'artiste et son double,
le professeur Troublé. Comment avait-on pu ignorer l'existence d'un
tel savant originaire de Barlin ? Les aléas de l'histoire sans doute...
Heureusement les chantiers donnent toujours l'occasion de creuser le sol
et de tomber sur un os ! Car voyez-vous, le professeur Troublé était
naturaliste et mécanimaliste. Quelle chance pour lui d’être
exposé au Museum d'histoire naturelle de Lille et quelle merveilleuse
adéquation entre les oeuvres et le lieu !
On y respire l'atmosphère désuète des musées
d'antan. Des flacons d’acide nitrique ou de naphtaline y voisinent avec
de gigantesques squelettes suspendus, des perroquets empaillés ou
le souvenir il y a 300 millions d'années, de nos forêts de
palmiers, quand notre climat tropical donna naissance à notre fameux
charbon. Ah ! J'oubliais les blattes géantes du Mexique ou souffleuses
de Madagascar et puis les grosses araignées velues et toutes sortes
de bestioles qu'on est content de ne pas croiser au coin de la rue !
L'ossuaire dégingandé
La salle où le professeur présente sa collection est
gratifiée d'un éclairage blafard propre à inciter
le visiteur à laisser le monde extérieur au vestiaire et
à ouvrir toute grande son imagination et ses facultés oniriques
au mystère. Tournez le bouton de l'interrupteur, une petite loupiote
s’allume et le plus étonnant bestiaire animé bien que squelettique
s'offre à vous. Le canard Vantrataire déploie ses ailes et
prend son envol tandis qu'animallélé claque indéfiniment
des mâchoires et des talons...
Quant à "l'Homo patiens Amadeus" dit "Le Vieux" (mâle
âgé de 65 ans) en provenance de Barlin (1899) il vous rappellera
sûrement une espèce familière. Au bistrot et attablé
de nouveau comme au bon vieux temps où il avait encore de la chair
sur les os, devant un gobelet, il se dresse pathétiquement sur son
séant à intervalles réguliers avant de se rasseoir
dans son fauteuil en osier. Beaucoup d'humour, de poésie et de folie
pour une réflexion sur la vie et le mouvement qui peut aller bien
plus loin que la simple admiration devant un magnifique travail artistique
qui tourne le dos aux technologies sophistiquées pour mieux appréhender
le monde des vivants. Quelques pinces à linge, du fil nylon, des
poulies de bois ou de métal, des ressorts, des moteurs lents, un
peu d'électricité et voilà le Ptilinopolatouche nain
d'Australie saisi en plein vol alors que le Hargnuk se dresse menaçant
sur ses pattes arrières. Ne manquez pas les commentaires du professeur,
ses objets familiers, ses photos de famille, ses planches anatomiques et
écoutez la petite musique du chant des mécanismes.
Françoise OBJOIS
La voix du nord du 19 octobre 2000
Au musée d'Histoire naturelle.
Troublants squelettes animés.
Il y a le "ptilinopolatouchenain", le "ptilinopus palliatus minor"
et le "canard vantrataire". Mais aussi des petits oiseaux et des petits
poissons, de bien beaux squelettes, tout animés, tout illuminés,
auxquels ne manque que la parole.
Présentée jusque lundi prochain au muséum d'Histoire
naturelle dans le cadre du festival des Chants mécaniques, "L'ossuaire
dégingandé", collection particulière du professeur
Amédée Troublé, illustre et inconnu "mécanimaliste"
du siècle dernier (1834-1901) est tout droit sortie de l'imagination
délirante d'une équipe de "troublologues" emmenés
par Alain Terlutte.
Facéties animées
Les enfants en raffolent, mais ils ne sont pas les seuls : c'est tout
à la fois loufoque et superbe, comme un canular revêtu du
costume de la science. A donner envie de s'installer dans les vitrines
du musée d'histoire naturelle, rêver à ces naturalistes
moustachus du XIXe siècle à l'air toujours sévère
qui écrivaient à la plume sur des petites fiches cartonnées
les notices de leurs découvertes. Et qui firent avancer les connaissances
en zoologie comme en botanique
Pour qui aime à fréquenter le musée de la rue
de Bruxelles, ses vitrines un rien surannées renfermant de fabuleuses
collections (authentiques celles-là), on ne pouvait rêver
lieu plus indiqué pour les facéties d'Alain Terlutte et ses
copains.
Il s'agissait d'animer des squelettes de petits mammifères (chat,
lapin), canards, pigeon mais aussi poissons, au moyen de subtiles et complexes
machineries actionnées avec force fils, poulies, balanciers et contrepoids.
Et habiller le tout dans un emballage historico-rigolo.
Plusieurs vitrines présentent ainsi la biographie improbable
d'Amédée Troublé - où l'on retrouve une de
ses chaussures de bébé, des objets personnels, etc. La science
et l'histoire revisitées, l'humour en plus.
J.-M.D.
De bien drôles de squelettes à découvrir de toute
urgence.
Ph Luc MOLEUX
Libération (cahier les tentations du 4 au 10 mai 2001 )
Villeneuve d'Ascq (59) installation
L'Ossuaire dégingandé
Pour fabriquer ses automates, Alain Terlutte cuit un chat crevé
ramassé sur le bord de la route, mange un poulet rôti ou dépèce
quelques têtes de rat qu'un ami bienveillant lui aura mis de côté.
Avec le Collectif Cendres la Rouge, Terlutte promène son Ossuaire
dégingandé, squelettes d'animaux réels ou recomposés,
mis en mouvement par des moteurs lents. Les os, fils de nylon, plombs et
poulies sont projetés en ombres sur des parois translucides, dans
le ronron des moteurs, comme des radiographies de monstres. La poule marche
à quatre pattes, le canard, ailes écartées, a conservé
ses plumes, le chaton tente de griffer l'oiseau, un squelette de lapin,
qui fut dégusté aux pruneaux, est accoudé à
une table de bistrot, jambes croisées, pensif devant un dé
à coudre, puis se lève et pousse un hurlement silencieux.
Alain Terlutte prétend que ce n'est pas le squelette qui l'intéresse,
ni la mort, mais la beauté du mouvement, porté par la complexité
du puzzle osseux. Au milieu d'une expo scientifico-pédagogique sur
le squelette, les bienfaits du calcium et les dangers de l'ostéoporose,
son Ossuaire dégingandé se pose avec ironie
HAYDÉE SABÉRAN
Vers l'avenir du 11 juin 2001 (Belgique)
la danse des animaux fantômes
Des artistes du réseau Polymachina présentent quelques
réalisations au Grand Manège. Parmi elles, un fabuleux mini-zoo
tout en os et en mouvement...
BON À SAVOIR : l'une des pièces maîtresses n'arrivera
que le 19 juin au Grand Manège Il s’agit précisément
d'un... grand manège transformé par quatre artistes du réseau
Polymachina en boîte à musique géante. Manipulé
par ses créateurs français, Léon Napakatbra (c'est
son nom) compose mécaniquement des rythmes syncopés et irréels.
L'histoire ne dit pas si celui qui tire la floche a droit à un refrain
gratuit...
Dans les anciens vestiaires réaménagés pour l'occasion,
trois artistes proposent chacun une vision de la musique mécanique.
Le Néerlandais Pierre Bastien étudie pour sa part les potentialités
des mécanos. La Belge Anne Mortiaux (la maman du Namureauphone Abri
cuisine) poursuit son étude sur l'eau et propose d'étonnants
clepsydres aquatiques. Ces gros sabliers à eau égrènent
le temps en bulles et en flic-floc
L'os qui bouge
Mais le plus captivant de l'exposition est sans doute L'ossuaire dégingandé
du Français Alain Terlutte. Professeur de mathématique, l'homme
n'en est pas moins un génial bricoleur à ses heures perdues.
Ce sont ici plusieurs squelettes de petits animaux qui sont mis en mouvement
par un habile et discret enchevêtrement de fils de nylon, de poulies
et de petits moteurs électriques. Dans une semi-obscurité,
on admire ce chat qui retrouve la vie après la mort et semble trottiner,
courber l'échine, ouvrir la gueule.
Plus loin, c'est le squelette d'un oiseau qui s'envole, celui d'un
écureuil qui s'étire, ou ceux de trois brochets qui ondulent
dans une mer asséchée. Les sons produits par leurs mouvements
sont amplifiés et composent une symphonie pour nature... morte.
Une ingénieuse collection d'automates qui gagne le pari de ne pas
devenir morbide.
A. Deb.
La voix du nord du 3 août 2001
L'Ossuaire dégingandé s'expose à Lille
Dernières démarques !
La nuit ou le jour, il y a des "" prom'os " exceptionnelles à
la galerie Zita.
Photo Jean-Philippe ROUSSEILLE
A l'heure des soldes, L'Ossuaire dégingandé fait la une
des vitrines. Depuis le 15 juillet, son "squelétalage d'été"
s'affiche à la galerie Zita, rue d'Esquermes à Lille. De
10 heures à 23 heures, quatre squelettes-machines se succèdent,
quart d'heure par quart d'heure, pour animer ces "prom'os" inédites.
Soldes exceptionnelles ? Les constructions artistiques d'Alain Terlutte
ne sont pas à vendre : aucun prix n'est affiché. Tant mieux...
Le préfet ne pourra pas s'opposer aux dernières démarques
d'une exposition prolongée jusqu'au 12 août. Chacun pourra
en profiter sans vider son porte-monnaie !
Ce n'est pas la première "exp'os" du genre. Les "mécan'os"
ont déjà voyagé dans les
musées. Mais ils sont toujours aussi étonnants...
Les curieux qui les avaient traqués avant les soldes peuvent
encore se laisser surprendre. Ils y verront pour l'occasion Le Vieux transformé
en S'old... août. Tour des griffes, dernières démarques,
ou Vol à l'étalage, les jeux de mots renouvellent une création
originale qui a connu un grand succès.
Sandrine Châtelain est responsable de l'association Cendres la
Rouge. C'est elle qui est chargée de trouver des foyers d’accueil
aux squelettes motorisés. "Ce sont toujours les mêmes machines,
mais on les expose différemment selon l'éclairage, le son
ou l'histoire qu'on raconte." Et pour cette vitrine des soldes, "on voulait
exposer pour les gens qui ne vont pas dans les musées."
Cédric RAMON